Now, what ?

Énième tentative. Je m'appelle Anouck, j'ai bientôt 23 ans.

Je vis à Lyon avec deux myopes : l'un est trop bruyant, l'autre trop discret. On a pas de chat, parce que j'ai dis non. Tous les matins, je me lève à 7h45 pour être en retard à mon école de théâtre dans le 7ème. Je ne mange pas mon taboulé dans le T2 bondé qui va à la fac, parce que j'oublie ma fourchette.
Après ça, j'écris des pièces, des scénarii, et des tas d'autres trucs avec une guitare. J'ai quelques amis branchés et plein d'amis paumés, alors c'est eux que je préfère. J'ai peur des oiseaux et des animaux morts. J'ai pas de maman, c'est con, mais j'ai un frère pas con du tout.

Comme tout le monde, quoi.


mercredi

Prends-moi pieds nus.

La plus grande ? C'est moi !

Moi qui commence mes mails par "Je me permets de vous présenter ma candidature même si je n'ai pas la taille requise", parce que tous les réalisateurs à peine pubères veulent des 1m70 avec de longs cheveux soyeux. J'ai jamais été très soyeuse, mais laisse-moi essayer.

Juste essaye, allez, prends le risque. Ok, je suis plus une Dorine qu'une Marianne, mais si vraiment t'as envie de frapper fort, prend le risque de taper en dessous du 1m70 et vient me chercher. Pas besoin de tabouret ni même de trampoline, je vais rester pieds nus et tu vas prendre. C'est pas parce qu'on fait seulement 3 fois 50 cm qu'on connaît rien à la volupté et moi j'en ai ma claque de voir les mêmes tronches partout, partout, partout - pas que la mienne vaux mieux, non. Seulement, quand je lis "Jusqu'au jour où il rencontre Machine" je soupire et je sais que ça vaut presque pas le coup d'essayer.



Pourquoi c'est tout le temps les mêmes, nues sous des chemises, adossées indolentes à une fenêtre avec une clope. Pourquoi c'est tout le temps les mêmes focales serrées sur des beaux yeux, les meilleurs coups de ma vie avaient pas spécialement des beaux yeux et les tiens non plus, non ? Ok il faut faire rêver, mais moi ce qui me fait rêver, c'est quand Roméo n'est pas un dieu grec et qu'il ressemble à mon voisin. Tu sais, mon voisin, celui qui est pas terrible mais quand il te dit bonjour, tu te pisses dessus et tu sais pas pourquoi.

Toutes ces nanas pas si grandes ni si lumineuses qui me font frissonner, et tous ces mecs qui me rendent dingue, même débiles, mêmes bourrés. Pourquoi on prendrait pas les gens juste, tu sais, juste là comme ils sont ? On est tous des amants torrides, on est tous séduisants et on est tous lumineux, même en dessous du 1m70. On a pas besoin d'avoir la gueule de l'emploi, parce qu'on a tous fait tourner des têtes avec nos tronches normales, avec nos tronches banales et avec nos pieds nus sans talons. 

Mais ça me va, d'être une numéro 2, même une numéro 3. J'aime ça, de toute façon, et si tu me fais confiance pour jouer quelqu'un que t'as dans la tête, je dirais oui parce que j'aime trop ça. Et je sais que c'est un gros morceau de moi, ça, les bonnes copines et les seconds couteaux, les lesbiennes et les gamines, les mini-tyrans et les lutins. Mais à l'occasion, prends-moi sans ça, prends-moi sans ça pour voir si derrière y'a pas un peu plus grand. Laisse-moi danser sur une table et courir sur un quai de gare, juste pour voir si je tiens la distance.

Prends-moi pieds nus et prends le risque que ta Marianne soit pas prise pour une plante.


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